No dia 18 de março de 2012, o
jornal
Le Monde publicou um manifesto inédito de Albert Camus. O texto ia ser
publicado no Le Soir Républicain, um jornal argelino, mas foi censurado. Na
época, estava começando a Segunda Guerra Mundial.
Você confere o texto
original abaixo e uma tradução.
Original
L'article que nous
publions devait paraître le 25 novembre 1939 dans "Le Soir républicain", un
quotidien limité à une feuille recto verso que Camus codirige à Alger.
L'écrivain y définit "les quatre commandements du journaliste libre" : lucidité,
refus, ironie et obstination. Notre collaboratrice Macha Séry a retrouvé ce
texte aux Archives nationales d'outre-mer, à Aix-en-Provence. Camus dénonce ici
la désinformation qui gangrène déjà la France en 1939. Son manifeste va plus
loin. Il est une réflexion sur le journalisme en temps de guerre. Et, plus
largement, sur le choix de chacun, plus que celui de la collectivité, de se
construire en homme libre.
Il est difficile aujourd'hui
d'évoquer la liberté de la presse sans être taxé d'extravagance, accusé d'être
Mata-Hari, de se voir convaincre d'être le neveu de Staline.
Pourtant
cette liberté parmi d'autres n'est qu'un des visages de la liberté tout court et
l'on comprendra notre obstination à la défendre si l'on veut bien admettre qu'il
n'y a point d'autre façon de gagner réellement la guerre.
Certes, toute
liberté a ses limites. Encore faut-il qu'elles soient librement reconnues. Sur
les obstacles qui sont apportés aujourd'hui à la liberté de pensée, nous avons
d'ailleurs dit tout ce que nous avons pu dire et nous dirons encore, et à
satiété, tout ce qu'il nous sera possible de dire. En particulier, nous ne nous
étonnerons jamais assez, le principe de la censure une fois imposé, que la
reproduction des textes publiés en France et visés par les censeurs
métropolitains soit interdite au Soir républicain (le journal, publié à Alger,
dont Albert Camus était rédacteur en chef à l'époque), par exemple. Le fait qu'à
cet égard un journal dépend de l'humeur ou de la compétence d'un homme démontre
mieux qu'autre chose le degré d'inconscience où nous sommes parvenus.
Un
des bons préceptes d'une philosophie digne de ce nom est de ne jamais se
répandre en lamentations inutiles en face d'un état de fait qui ne peut plus
être évité. La question en France n'est plus aujourd'hui de savoir comment
préserver les libertés de la presse. Elle est de chercher comment, en face de la
suppression de ces libertés, un journaliste peut rester libre. Le problème
n'intéresse plus la collectivité. Il concerne l'individu.
Et justement
ce qu'il nous plairait de définir ici, ce sont les conditions et les moyens par
lesquels, au sein même de la guerre et de ses servitudes, la liberté peut être,
non seulement préservée, mais encore manifestée. Ces moyens sont au nombre de
quatre : la lucidité, le refus, l'ironie et l'obstination. La lucidité suppose
la résistance aux entraînements de la haine et au culte de la fatalité. Dans le
monde de notre expérience, il est certain que tout peut être évité. La guerre
elle-même, qui est un phénomène humain, peut être à tous les moments évitée ou
arrêtée par des moyens humains. Il suffit de connaître l'histoire des dernières
années de la politique européenne pour être certains que la guerre, quelle
qu'elle soit, a des causes évidentes. Cette vue claire des choses exclut la
haine aveugle et le désespoir qui laisse faire. Un journaliste libre, en 1939,
ne désespère pas et lutte pour ce qu'il croit vrai comme si son action pouvait
influer sur le cours des événements. Il ne publie rien qui puisse exciter à la
haine ou provoquer le désespoir. Tout cela est en son pouvoir.
En face
de la marée montante de la bêtise, il est nécessaire également d'opposer
quelques refus. Toutes les contraintes du monde ne feront pas qu'un esprit un
peu propre accepte d'être malhonnête. Or, et pour peu qu'on connaisse le
mécanisme des informations, il est facile de s'assurer de l'authenticité d'une
nouvelle. C'est à cela qu'un journaliste libre doit donner toute son attention.
Car, s'il ne peut dire tout ce qu'il pense, il lui est possible de ne pas dire
ce qu'il ne pense pas ou qu'il croit faux. Et c'est ainsi qu'un journal libre se
mesure autant à ce qu'il dit qu'à ce qu'il ne dit pas. Cette liberté toute
négative est, de loin, la plus importante de toutes, si l'on sait la maintenir.
Car elle prépare l'avènement de la vraie liberté. En conséquence, un journal
indépendant donne l'origine de ses informations, aide le public à les évaluer,
répudie le bourrage de crâne, supprime les invectives, pallie par des
commentaires l'uniformisation des informationset, en bref, sert la vérité dans
la mesure humaine de ses forces. Cette mesure, si relative qu'elle soit, lui
permet du moins de refuser ce qu'aucune force au monde ne pourrait lui faire
accepter : servir le mensonge.
Nous en venons ainsi à l'ironie. On peut
poser en principe qu'un esprit qui a le goût et les moyens d'imposer la
contrainte est imperméable à l'ironie. On ne voit pas Hitler, pour ne prendre
qu'un exemple parmi d'autres, utiliser l'ironie socratique. Il reste donc que
l'ironie demeure une arme sans précédent contre les trop puissants. Elle
complète le refus en ce sens qu'elle permet, non plus de rejeter ce qui est
faux, mais de dire souvent ce qui est vrai. Un journaliste libre, en 1939, ne se
fait pas trop d'illusions sur l'intelligence de ceux qui l'oppriment. Il est
pessimiste en ce qui regarde l'homme. Une vérité énoncée sur un ton dogmatique
est censurée neuf fois sur dix. La même vérité dite plaisamment ne l'est que
cinq fois sur dix. Cette disposition figure assez exactement les possibilités de
l'intelligence humaine. Elle explique également que des journaux français comme
Le Merle ou Le Canard enchaîné puissent publier régulièrement les courageux
articles que l'on sait. Un journaliste libre, en 1939, est donc nécessairement
ironique, encore que ce soit souvent à son corps défendant. Mais la vérité et la
liberté sont des maîtresses exigeantes puisqu'elles ont peu d'amants.
Cette attitude d'esprit brièvement définie, il est évident qu'elle ne
saurait se soutenir efficacement sans un minimum d'obstination. Bien des
obstacles sont mis à la liberté d'expression. Ce ne sont pas les plus sévères
qui peuvent décourager un esprit. Car les menaces, les suspensions, les
poursuites obtiennent généralement en France l'effet contraire à celui qu'on se
propose. Mais il faut convenir qu'il est des obstacles décourageants : la
constance dans la sottise, la veulerie organisée, l'inintelligence agressive, et
nous en passons. Là est le grand obstacle dont il faut triompher. L'obstination
est ici vertu cardinale. Par un paradoxe curieux mais évident, elle se met alors
au service de l'objectivité et de la tolérance.
Voici donc un ensemble
de règles pour préserver la liberté jusqu'au sein de la servitude. Et après ?,
dira-t-on. Après ? Ne soyons pas trop pressés. Si seulement chaque Français
voulait bien maintenir dans sa sphère tout ce qu'il croit vrai et juste, s'il
voulait aider pour sa faible part au maintien de la liberté, résister à
l'abandon et faire connaître sa volonté, alors et alors seulement cette guerre
serait gagnée, au sens profond du mot.
Oui, c'est souvent à son corps
défendant qu'un esprit libre de ce siècle fait sentir son ironie. Que trouver de
plaisant dans ce monde enflammé ? Mais la vertu de l'homme est de se maintenir
en face de tout ce qui le nie. Personne ne veut recommencer dans vingt-cinq ans
la double expérience de 1914 et de 1939. Il faut donc essayer une méthode encore
toute nouvelle qui serait la justice et la générosité. Mais celles-ci ne
s'expriment que dans des coeurs déjà libres et dans les esprits encore
clairvoyants. Former ces coeurs et ces esprits, les réveiller plutôt, c'est la
tâche à la fois modeste et ambitieuse qui revient à l'homme indépendant. Il faut
s'y tenir sans voir plus avant. L'histoire tiendra ou ne tiendra pas compte de
ces efforts. Mais ils auront été faits.
Tradução
O artigo que
publicamos é de 25 de novembro de 1939, do Le Soir républicain, um jornal de
folha única co-dirigido por Camus em Argel. O escritor define, no texto, os
"quatro mandamentos do jornalista livre": a lucidez, a recusa, a ironia e a
obstinação. Nosso colaborador Macha Sery descobriu o texto no Arquivo Nacional
do exterior, em Aix-en-Provence. Camus denuncia a desinformação que assola a
França em 1939. Seu manifesto vai mais longe. É uma reflexão sobre o jornalismo
em tempo de guerra. E, mais amplamente, é a escolha de cada indivíduo, mais do
que em comunidade, para construir um homem livre.
É difícil hoje
para discutir a liberdade de imprensa sem ser taxado extravagante, acusado de
ser uma Mata-Hari (famosa assassina e espiã holandesa), ou convencido de que se
é sobrinho de Stálin.
No entanto, essa liberdade dos outros não é a face
da própria liberdade e vamos incluir a nossa determinação em defendê-la se
aceitamos que não há outra maneira de realmente ganhar a guerra.
Certamente, a liberdade tem seus limites. É também necessário que isso
seja livremente aceito. Sobre os obstáculos presentes hoje à liberdade de
pensamento, temos dito tudo o que se podia dizer e diremos de novo e de novo
tudo o que se é possível dizer sobre. Em particular, nos surpreende bastante, o
começo da censura imposta uma vez na reprodução de textos publicados na França e
feita pelos censores metropolitanos de maneira ilegal no Soir Républicain (um
jornal, publicado em Argel, onde Albert Camus foi editor na época), por exemplo.
O fato de que, sobre esse assunto, um jornal dependa do humor ou da competência
de um homem acaba demonstrando melhor o grau de consciência que temos
conseguido.
Um dos bons preceitos de uma filosofia digna desse nome
nunca é espalhada em lamentações inúteis diante de uma situação que não pode
mais ser evitada. A questão na França hoje não é mais falar de como preservar a
liberdade de imprensa. É para saber como, diante da supressão dessas liberdades,
um jornalista pode permanecer livre. O problema não interessa mais ao coletivo.
Ela diz respeito ao indivíduo.
E justamente o que nós escolhemos para
definir aqui as condições e os meios pelos quais, dentro da guerra e em suas
servidões, a liberdade pode não apenas ser preservada, mas também manifestada
mais uma vez. Estes meios são quatro: a lucidez, a recusa, a ironia e a
obstinação. A lucidez requer treinamento de resistência aos aspectos do ódio e
ao culto da desgraça. No mundo de nossa experiência, é certo que tudo pode ser
evitado. A própria guerra, que é um fenômeno humano, pode ser evitada ou parada
a todo o momento por meios humanos. Basta conhecer a história dos últimos anos
da política europeia para ter certeza de que a guerra, seja qual for, tem causas
óbvias. Essa visão clara das coisas exclui o ódio cego e o desespero que se
formam. Um jornalista livre, em 1939, não se desespera e luta por aquilo que ele
acredita ser verdade se a sua ação puder afetar o curso dos acontecimentos. Ele
não publica nada que possa despertar o ódio ou que provoque desespero. Tudo isso
está em seu poder.
Diante da crescente onda de loucura, também é
necessário se opor a certas recusas. Todas as restrições do mundo não criarão um
espírito que concorda um pouco em ser desonesto. O ouro, e pouco sabemos sobre
os meios de informação, é fácil ser verificado em sua autenticidade. Um
jornalista livre deve oferecer toda a sua atenção. Pois, se ele pode dizer o que
ele pensa, ele não pode dizer o que ele não pensa ou o que ele acredita ser
falso. E isso em um jornal livre é medido tanto pelo que ele diz quanto pelo que
ele não diz. Essa liberdade negativa é, de longe, a mais importante de todas, se
ela se mantiver. Porque ela prepara o caminho para a verdadeira liberdade.
Consequentemente, um jornal independente gera suas informações, ajuda o público
a avaliá-las, repudia o sensacionalismo, remove invenções, organiza os
comentários padronizando a informação, em resumo, ele é a verdade, na
concentração das forças humanas. Essa recusa, se ela está é assim, pelo menos,
permite que se negue o que nenhuma força na terra pode fazer o jornal aceitar:
submeter-se às mentiras.
Isso nos leva para a ironia. Podemos imaginar
que uma mente que tem gosto e meios para impor restrições é impermeável à
ironia. Nós não vemos Hitler, para dar apenas um exemplo entre outros, usar a
ironia socrática. Isso mostra que a ironia continua a ser uma arma sem
precedentes contra os poderosos totalitários. Ela complementa a recusa na medida
em que permite, ao invés de rejeitar o que é falso, dizer o que é a verdade,
muitas vezes. Um jornalista livre, em 1939, não se rende a muitas ilusões sobre
a inteligência daqueles que oprimem. Ele é pessimista no que se refere ao homem.
A verdade expressa em tom dogmático é recusada por ele nove em cada dez vezes. A
mesma verdade de forma jocosa é aceita em cinco de cada dez vezes. Esta
disposição é quase igual às possibilidades da inteligência humana. A ironia
também explica que jornais franceses como Le Canard e Le Merle se comprometem e
podem publicar artigos corajosos conhecidos. Um jornalista livre, em 1939, é
necessariamente irônico, mas ele é, muitas vezes, a contragosto. Mas a verdade e
a liberdade são exigentes, uma vez que eles tem poucos amantes.
Tal
atitude de espírito brevemente definida, obviamente não pode ser sustentada de
forma eficaz sem um mínimo de obstinação. Muitos obstáculos são colocados contra
a liberdade de expressão. Eles não são mais graves do que desencorajar um
espírito. Porque as ameaças, as suspensões e a repressão na França geralmente
conseguem o efeito oposto ao que é proposto. Mas devemos admitir que são
obstáculos desencorajadores: a constância da estupidez, as organizações
covardes, a desinteligência agressiva e, por isso, nós nos desgastamos. Aqui
está o grande obstáculo que devemos superar. Obstinação é uma virtude cardeal.
Por um curioso paradoxo é evidente que, em seguida, começa nela a objetividade e
a tolerância.
Aqui está um conjunto de regras para preservar a liberdade
até dentro da servidão, da repressão. E depois? Vai dizer, depois? Não vamos ter
pressa. Se apenas a cada francês quiser se manter bem dentro da esfera do que
ele acredita que é verdadeiro e correto, se ele quisesse ajudar com sua pequena
parte na manutenção da liberdade, resistir ao abandono e descobrir a seu desejo,
então, e só então, esta guerra seria vencida, no sentido mais profundo da
palavra.
Sim, é muitas vezes a contragosto que um espírito livre do
século percebeu sua ironia. O que é engraçado de se ver neste mundo em chamas?
No entanto, a virtude do homem é se manter firme diante de tudo o que nega.
Ninguém quer reviver esses vinte e cinco anos de experiência, tanto em 1914
quanto em 1939. Devemos, portanto, experimentar um método ainda muito novo de
justiça e generosidade. Mas elas são expressas apenas em corações livres e em
mentes ainda exigentes. Formar esses corações e mentes, que acordem de vez, é a
tarefa tanto do homem modesto quanto do ambicioso que se torna independente.
Devemos chegar nisso sem adiar mais. A história será contada ou não através
desses esforços. E tudo depende se eles forem feitos.