Thursday, November 19, 2009

Les sept axes prioritaires d'investissement définis par la Commission Juppé-Rocard

La commission Juppé-Rocard a dégagé "sept axes prioritaires d'investissements d'avenir", qui reflètent tous "la priorité donnée à l'innovation et la transformation". Elle propose ainsi de "soutenir l'enseignement supérieur et la recherche" à hauteur de 16 milliards d'euros et de consacrer les 19 autres milliards au développement "des secteurs et technologies où la France détient des positions fortes et qui vont structurer notre cadre de vie des vingt prochaines années".


Enseignement supérieur-recherche (16 milliards d'euros). Pour la commission dirigée par Alain Juppé et Michel Rocard, l’enseignement supérieur et de la recherche est la priorité absolue. Dix milliards d’euros seront orientés vers les établissements d’enseignement supérieur. L’objectif est de doter la France, à l’image de l’Allemagne et de ses universités d’excellence lancées en 2006, de cinq à dix campus universitaires "plurisdisciplinaires de dimension et de réputation mondiale".

La commission avance plusieurs propositions en faveur de la recherche. Elle souhaite ainsi confier à l'Agence nationale de la recherche (ANR), l'actuel " financeur" de la recherche, la gestion de deux fonds dotés d'un milliard d'euros chacun.

Les intérêts générés par le premier permettront de "financer les équipements de recherche, de bases de données et de projets pédagogiques innovants ", tandis que ceux générés par le second viendraient financer des "bourses pour attirer ou faire revenir en France des post-doctorants et des chercheurs de renommée internationale".

Ces financements seront alloués aux établissements (universités, grandes écoles, organismes) sous forme d'"appel à projet", mais les cinq à dix campus d'excellence ne pourront y concourrir.

Afin de soutenir la recherche technologique, la commission evisage également créer "quatre à six campus d'innovations" sur le modèle du pôle d'innovation "Minatec" de Grenoble, qui rassemble sur un même site autour du laboratoire d'électronique et des technologies de l'information (Leti) du CEA, des écoles d'ingénieurs, des laboratoires du CNRS, du CEA ou d'universités, une pépinière d'entreprises et un centre d'animation.

L'Agence nationale de la recherche pourrait gérer les deux milliards d'euros de financement de ces nouveaux sites technologiques d'excellence.

PME innnovantes (2 milliards d'euros). Il est proposé de créer "un ou plusieurs fonds d'amorçage à vocation transversale" pour accompagner la création et soutenir les premières années d'existence de PME et d'entreprises de taille intermédiaires (jusqu'à 5 000 salariés) ...) innovantes dans des secteurs prioritaires (santé, alimentation, bio, nano et écotechnologies...). "Un ou plusieurs fonds seraient également constitués en matière d'innovation sociale". Les capacités d'intervention d'Oséo seraient renforcées à hauteur 1,5 milliard d'euros.

Sciences du vivant (2 milliards d'euros). La commission recommande de "rassembler les acteurs publics et privés du secteur agricole, agroalimentaire et biotechnologique " pour "développer les innovations dans la production de matières premières agricoles et dans l'utilisation de carbone renouvelable en substitution au carbone fossile".

Pour soutenir la recherche biomédicale, quelques Instituts hospitalo-universitaires (IHU) d'excellence seraient créés "autour de talents de renommée mondiale" et localisés dans des CHU.

Energies décabornées (3,5 milliards d'euros). Un acteur public - par exemple une "Agence pour les énergies renouvelables" - serait dédié au développement de solutions énergétiques décarbonées. L'expérimentation de nouvelles technologies dans les énergies décarbonées (captage-stockage de CO2, stockage de l'énergie solaire, etc.) et l'économie du recyclage seraient développées.

La commission préconise de créer dans ces domaines cinq à dix instituts de recherche technologique, sélectionnés par un jury international. Elle souhaite également "accélérer la transition vers les technologies nucléaires de demain".

Ville de demain (4,5 milliards d'euros). Pour favoriser "l'émergence de villes durables", la commission suggère de "cofinancer dix programmes urbains intégrés, qui portent à la fois sur le transport collectif décarboné, le développement expérimental d'infrastructures de recharge électrique des véhicules propres et l'expérimentation de solutions nouvelles de rénovation urbaine durable (....), de réseaux intelligents (eau, électricitié), de gestion durable des déchets et de maîtrise de la mobilité (plateformes de télétravail, régulation du trafic automobile...)". La rénovation thermique de l'habitat sociale serait accélérée.

Mobilité du futur (3 milliards d'euros). "Les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre d'un facteur quatre d'ici à 2050 et le souci de garantir la sécurité des approvisionnements énergétiques rendent nécessaires le développement de nouvelles solutions de mobilité, moins consommatrices d'énergies fossiles ". Il est donc proposé de préparer les véhicules du futur en cofinançant des projets de démonstrateurs et de plateformes expérimentales dans ce domaine. La France s'engagerait dans "un programme européen de démonstration de technologies de rupture pour l'industrie aéronautique (...) et spatiale (....)".

Société numérique (4 milliards d'euros). Le secteur numérique représentant "plus du quart de la croissance et 40 % des gains de productivité de l'économie", un acteur public serait dédié au développement de la société numérique. Ce pourrait être une Agence pour le numérique, chargée de "co-investir dans l'économie numérique, en agissant à la fois sur les infrastructures et sur le développement de nouveaux usages et contenus." Deux fonds spécifiques y seraient créés, l'un pour accélérer le passage de la France au très haut débit, l'autre pour financer des parteneriats publics-privés de recherche sur les usages et contenus innovants.

Claire Guélaud et Philippe Jacqué, In Le Monde – 19/11/2019

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